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La norme et la surprise

 

 

La norme et la surprise / communiqué en prévision de l'exposition, hiver 2012. Quelques photos ici.

 

Romain Boulay et Michael Viala me rejoindront au Vallon du Villaret pour une exposition à trois. Comme un réseau n’est rien s’il n’est pas fait de destinations, la Lozère (où vit votre serviteur) deviendra notre très probable point de rencontre, pour cette fois parfaitement placée entre Montpellier (Michael Viala) et Nantes (Romain Boulay).


Place est bonne qu’on est allé chercher !

 

Au cours de plusieurs expositions en France et à l’étranger, toujours dans le déplacement, nous avons établi et transformé nos propres mécaniques de relation à l’espace, usant d’un vocabulaire principalement sculptural et architectural.

 

De Michael Viala vous connaissez peut-être (mais pas que) ces sculptures qui jouent à la fois d’intégration et de ressort : l’intégration des plans, le moyen pour le sol de glisser vers le mur, d’un trait, d’un geste, d’une figure courbée qui modifie le dessin de l’espace investi. Le ressort des couleurs, qui marquent le geste et définissent hautement la très présente occupation. Qu’il s’agisse de sculptures, de dessins, de mises en scène, pour Michael Viala les états ne valent que par le mouvement qui les sépare.


De Romain Boulay vous connaissez peut-être (mais pas que) des interventions éphémères et des objets dont le moyen d’agir est l’emploi « du premier matériau de construction utilisé dans le monde » (je le cite) : les plaques de plâtre et leurs ossatures en rail profilé d’aluminium. Pour Romain Boulay la finalité de ces plaques est toujours de recevoir de la couleur, fût-elle statistiquement blanche. Et toujours selon lui, la couleur dit la lumière. Ces interventions et leurs ossatures intercalent de la lumière entre l’espace investi et des mises en place choisies. Les standards architecturaux et BTP sont approchés tantôt selon leur présence visuelle discrète ou prononcée, jouant avec le centre et les coulisses, tantôt selon leur qualité signalétique et leurs effets de sens. Romain Boulay est toujours cherchant.

 

De moi (Julien Mijangos) vous connaissez peut-être (mais pas que) les sangles élastiques croisées à travers un espace donné (atelier, lieu d’expo aussi bien). Sangles étirées à partir des murs qu’elles mesurent, leur croisement traduit ou exprime un rapport de proportion déjà en marche, mais moins voyant, quand l’espace donné était vide. Le lieu d’accueil a sa part dans ce que le travail a d’unique et de générique. C’est son support toujours visible, toujours utile. Plus généralement je désigne pour un matériau donné un usage strict d’application et d’adaptation aux dimensions, écartements du lieu d’exposition. Que cet usage soit guidé par une règle, une articulation ou une propriété du matériau, j’attends qu’il soit lisible dans le résultat final, attaché à l’idée que toute forme est un processus. En ce sens une forme est toujours animée par l’homme (sic), et ne peut pas être fictive.

 

Dans les formes proposées, rien n’est cependant exclu a priori, pour aucun d’entre nous. Chemins et bifurcations correspondent plutôt au déploiement de nécessités singulières, résolues temporairement dans tel ou tel geste, objet, telle ou telle expérience. Deux mois avant l’exposition, je ne peux prévoir ce que chacun fera. Lien tendu entre les attitudes et les formes, la nécessité ne peut devenir ni un argument de vente, ni une quelconque habitude ou sécurité. A mon sens il ne s’agit pas de médiatiser cette nécessité, mais à chaque fois de la résoudre, dans un jeu qui justement n’ignore ni le contexte, ni le visiteur, ni nos habitus. Nous sommes alors spectateurs, visiteurs, regardeurs, nous aussi. Et alors, quelle félicité !


Vous et moi savons bien que toute norme a un but, est toujours un moyen.

 

Et que toute surprise… On ne peut pas dire « toute surprise » !

 

Julien Mijangos 31 janvier 2012

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